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UN CHANTIER NOMMÉ MARIE

UN CHANTIER NOMMÉ MARIE, les étudiants de l’Institut d’Études Théâtrales
À partir des archives de Jean-Philippe Toussaint déposées en accès libre sur son site, nous pensons l'avatar comme vecteur et personnage littéraire possible. Ce chantier de construction des personnages prend place sur notre territoire virtuel, Bonjour monde . De ce milieu extrême, allégorie des craintes et des parts d’ombre de l’écrivain, émergent quelques avatars en exercice : ceux de Marie, du narrateur, de l'auteur, ceux du désir et de la mémoire du lecteur aussi.
Avec les étudiants de l'Institut d'Etudes Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle à Paris, nous nous sommes intéressés à la figure de l'avatar comme personnage littéraire possible. Nous avons choisi pour matériau de travail les documents de l'écrivain Jean-Philippe Toussaint, sortes d'archives romanesques déposées en accès libre sur son site. Brouillons et manuscrits, plans, variantes et débris ou encore notes comme l'écrivain les nomme. Autant d'écrits qui nous aident à comprendre le processus d'écriture singulier, celui d'un homme en apnée, comme il aime à s'imager, entre les larmes d'une figure féminine prégnante, Marie, les pluies incessantes de ce Tokyo et cette eau claire aux abords de l'île d'Elbe. De ces lectures premières, nous avons mis en chantier le narrateur et son sujet d'amour ou de fuite, Marie. Nous avons tenté de comprendre cette construction des personnages, sans nom, sans couleur de cheveux et leurs hésitations, leurs doutes sous le poids de leurs propres corps, de leurs émotions peut-être. Nous avons tenté de saisir les mots, les groupes de mots, les scènes qui surgissent, se répètent et varient puis disparaissent de brouillons de quelques pages à ces romans d'une trilogie publiée. C'est un chantier, un essai, une tentative à laquelle nous nous sommes essayés, nous attachant à ces sortes de fichiers offerts à l'envi, là, ailleurs en quelques hétérotopies, en mal d'archive peut-être. Ainsi et sur notre territoire virtuel, Bonjour monde, déambulent quelques doubles en exercice, ceux de Marie, du narrateur, de l'écrivain, ceux du désir et de la mémoire du lecteur aussi. C'est un chantier entre étudiants, une écriture en cours. Line s'est intéressée au corps précis de son actrice, aux signes dévoilés par les brouillons et débris. Anne étudie ce qui pourrait ressembler à l'exercice du "je" sans le moindre recours de son emploi. Aurélien s'est attaché aux descriptions des lieux, du taxi au tarmac, de Tokyo à Pékin, tentant de saisir ce que le décor dévoile des larmes et émotions des acteurs du roman. Manon annote les séquences oubliées. Gabriel présuppose la persistance d'un écrivain et de ce qu'il demeurera de cette fuite des mots. Dessislava se rapproche du secondaire, Li Qi, Jean-Christophe de Quelquechose et les autres... Camille à distance lit et relit pour nous rejoindre. Voici le chantier auquel les étudiants en dramaturgie se sont livrés. De lecteurs passagers et volages d'une littérature contemporaine à ces observateurs attentifs d'un milieu extrême, celui de l'écrivain, ses bas-fonds, ses craintes et sa part d'ombre, de ce territoire littéraire de Jean-Philippe Toussaint à ces quelques exercices dramaturgiques possibles - oubliant Aristote ou Stanislavski, s'éloignant de Brecht ou d'Artaud - s'adonnant à Müller et son Hamlet-Machine, "Je veux être une machine" disait l'autre, et bien voici un chantier en cours habité de quelques avatars et leurs doubles. "Si ce n'est que pour l'amour, la musique est nourriture, joue encore de cette musique" écrivait le maître Shakespeare. Oui et alors ? le nouveau maître Google est autre. Alors donc, copions et collons à l'envi la musique d'un écrivain, cette autre musique.
OUVERTURE DU MONDE VIRTUEL « BONJOUR MONDE » LE 15 JUIN 2011 à 18h00
Rencontres et balades autour de Bonjour Monde dans le cadre d'Open du Paris-Villette, festival des scènes virtuelles du 15 au 25 juin 2011